Le projet GROW se situe rue Decoster à Forest, dans un intérieur d’îlot. Le site, longtemps occupé par des écuries, des hangars et des boxes de garages, était un espace minéralisé et peu valorisé. L’ambition du projet était de transformer ce lieu en un espace vivant, partagé et écologique, tout en conservant et adaptant l’existant.
L’intervention architecturale repose sur une logique de réduction des volumes construits : la démolition d’une partie des garages a permis de libérer de vastes surfaces, redonnées à la pleine terre et réaménagées en espaces verts diversifiés. L’îlot se transforme ainsi en un cœur végétalisé, perméable et accueillant pour la biodiversité.
Le programme prévoit l’implantation de nouveaux espaces de travail : un espace de coworking, nos propres bureaux d’architecture, des cabinets paramédicaux et une grande salle polyvalente. La salle polyvalente constitue un pivot central, ouverte sur l’espace extérieur commun. L’aménagement d’un jardin potager vient compléter l’ensemble.
Critère 1 : Qualité architecturale et ancrage contextuel (4 points)
Le projet GROW illustre une démarche architecturale sobre, inventive et profondément ancrée dans son contexte. Implanté dans un ancien îlot minéralisé, longtemps dévolu à des garages et hangars désaffectés, il repose sur une stratégie de soustraction et de régénération : la démolition partielle a permis de restituer de larges surfaces à la pleine terre, transformant un espace bétonné en cœur d’îlot vivant, perméable et favorable à la biodiversité.
La qualité architecturale s’exprime dans la justesse des interventions : conservation maximale des structures existantes, insertion d’ouvertures dans les baies d’origine, réemploi in situ de briques et pavés, intégration de matériaux biosourcés et recyclés (béton de chanvre, enduits d’argile, liège expansé, coquillages). Ces choix témoignent d’une recherche esthétique cohérente, où la matière brute, locale et réutilisée donne son caractère au projet.
L’ancrage contextuel se manifeste autant dans le rapport au bâti existant que dans l’ouverture au voisinage. L’implantation d’espaces mixtes ; bureaux, coworking, cabinets paramédicaux et salle polyvalente, crée un lieu partagé qui dialogue avec le quartier en créant des liens avec des initiatives du quartier et des activités culturelles.
Le jardin potager, la mare et les aménagements paysagers complètent cette vocation. Par ailleurs, l’innovation architecturale se traduit par la mise en œuvre expérimentale de techniques encore peu répandues, comme le béton de chanvre banché utilisé en façade (assurant simultanément l’isolation et la finition extérieure) ou le complexe de sol perspirant. Ces choix, issus d’une logique de circularité et d’économie de moyens, associent performance technique, confort intérieur et esthétique sobre.
GROW dépasse ainsi la simple réaffectation : il démontre qu’une approche attentive au déjà-là, alliée à une réflexion écologique et collective, peut révéler le potentiel caché d’un site et contribuer à une nouvelle manière de concevoir la ville.
Critère 2 : Approche durable (3 points)
Le projet GROW a été pensé dès l’amont comme un laboratoire de pratiques durables, intégrant à chaque étape de conception et de réalisation une démarche respectueuse de l’environnement.
L’optimisation énergétique se traduit par une isolation renforcée des toitures en fibre de bois et par l’utilisation du béton de chanvre en façade, garantissant inertie thermique et confort intérieur tout au long de l’année. La ventilation double flux assure un renouvellement d’air performant, tandis que la compacité des volumes conservés limite les déperditions.
Sur le plan de la gestion des ressources, la circularité a été un principe fondateur : briques et pavés récupérés in situ, tuiles et pierres issues de filières locales de réemploi, enduits d’argile provenant de chantiers bruxellois, ou encore hérisson en coquillages, déchets de l’industrie verrière. Chaque matériau a été choisi pour sa faible empreinte carbone, sa multifonctionnalité et sa démontabilité, réduisant fortement la production de déchets. Le projet explore également des matériaux innovants et biosourcés : béton de chanvre banché recyclable à 100 %, isolation chanvre-chaux de 25 cm, finitions en liège expansé, enduits d’argile. Leur mise en œuvre, parfois expérimentale, a donné lieu à un chantier participatif, favorisant la transmission et l’appropriation collective de ces savoir-faire.
La résilience environnementale constitue un autre pilier du projet. Plus de la moitié des surfaces minéralisées ont été rendues à la pleine terre, avec prairies fleuries, forêt comestible et mare, améliorant la biodiversité, réduisant l’îlot de chaleur et favorisant l’infiltration des eaux pluviales.
Critère 3 : Fonctionnalité et expérience utilisateur (3 points)
Le projet GROW a été conçu pour offrir des espaces utiles, confortables et ouverts sur leur environnement. Les choix architecturaux en termes conception spatiale et en termes de climat intérieur visent à garantir une expérience de qualité pour ses utilisateurs.
Le confort intérieur repose sur l’usage de matériaux naturels et hygrothermiques, qui régulent humidité et température. La lumière naturelle est maximisée grâce à l’ouverture des baies existantes, et la ventilation double flux assure un renouvellement d’air adapté aux différents usages. Le confort acoustique est traité par des enveloppes performantes (béton de chanvre, fibre de bois, liège expansé), par la végétalisation extérieure et par une organisation spatiale en séquences. Par exemple la salle polyvalente est séparée de l’espace de coworking par un sas cuisine, qui sert à la fois de point de rencontre entre les usagers et de tampon acoustique, limitant ainsi les perturbations sonores entre les différentes activités.
L’accessibilité a été intégrée dès la conception : cheminements fluides, espaces polyvalents adaptables et aménagements adaptés aux enfants et personnes âgées. La sécurité des usagers est assurée par des circulations claires, des espaces tampons et une signalétique intuitive.
Dès le début, l’intégration au quartier a été pleinement envisagée : le maître d’ouvrage, également futur occupant, a parcouru le voisinage pour identifier les collaborations possibles, notamment avec les écoles et associations locales. La salle polyvalente, les espaces de coworking, les cabinets paramédicaux et le jardin renforcent cette mixité fonctionnelle et soutiennent la vision d’une appropriation collective du lieu. Parallèlement, de nombreux workshops et discussions internes au sein du bureau ont permis de structurer la programmation du projet. Cette démarche participative a intégré les besoins réels des usagers, créant ainsi un espace de travail agréable, fonctionnel et adapté aux différentes activités quotidiennes.
